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Le supervirus mutant qui fait peur
Les jeunes diraient que c'est le « virus de la mort qui tue ». Et c'est exactement de ça qu'il s'agit. Des chercheurs néerlandais viennent de créer un virus potentiellement très contagieux et mortel pour l'homme, au point que l'agence de biosécurité américaine (NSABB) recommande de bloquer la publication de leur étude, initialement prévue dans le magazine « Science ». « Je ne connais aucun organisme qui fasse aussi peur que celui-là. Comparé à lui, l'anthrax ne fait pas du tout peur », a déclaré Paul Keim, le président de l'agence de biosécurité américaine.
L'expérimentation a été menée par le très sérieux Centre Medical Erasmus de Rotterdam, aux Pays-Bas, spécialiste de la grippe aviaire. En cherchant à mieux comprendre ce virus et trouver de nouveaux moyens pour le contrer, le professeur Ron Fouchier et son équipe ont fait muter un virus grippal H5N1 et créé, dans le même temps, les conditions idéales de propagation d'homme à homme. Pour l'instant, le H5N1 en circulation n'est pas transmissible entre humains mais uniquement de l'animal à l'homme. Depuis 2003, il a fait dans le monde 331 décès et la planète redoute qu'il ne mute et n'extermine une bonne partie des habitants du globe. Une crainte parfaitement illustrée dans « Contagion », le dernier film du réalisateur américain Steven Soderbergh, sorti récemment.
Or ce que les chercheurs de Rotterdam ont fabriqué, c'est une forme de H5N1 aussi transmissible que la grippe saisonnière, mais bien plus mortelle. « Pour en arriver là, les scientifiques néerlandais ont mené une expérience sur des furets, modèle animal le plus proche de l'homme de par son comportement biologique », décrypte Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence de la grippe aviaire à l'Institut Pasteur. Les chercheurs ont d'abord procédé à 3 mutations génétiques sur le virus aviaire pour qu'il puisse infecter les furets. Ils s'en sont servis pour contaminer les animaux. Ils ont constaté que le H5N1 avait muté deux nouvelles fois et qu'il se transmettait dorénavant de furet à furet.
Or ce super virus, jamais vu dans la nature, pourrait bien être semblable en tout point au virus mutant humain tant redouté depuis 2003 par le monde entier. Il n'est pas rare que les virologues, afin de découvrir de nouveaux médicaments ou un vaccin, travaillent en laboratoire sur des virus et les transforment afin de mimer ce qui se passe dans la nature. Mais jamais auaparavant un virus aussi dangereux n'a été créé de toutes pièces. Vincent Enouf indique que « c'est parce que la sécurité américaine a décidé de bloquer leur publication que l'on en parle ».
Comment ne pas craindre que ce super H5N1, pour l'instant enfermé dans le labo de Rotterdam, ne se retrouve dans la nature? Par ailleurs, si les secrets de sa fabrication tombaient entre des mains malveillantes, ce nouveaux virus pourrait être utilisé comme arme biologique à des fins terroristes.
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