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samedi 27 août 2011

L'OR NOIR DES HOPIS La fin d'un monde

Hopi, un mot qui semble avoir conservé toute sa sagesse sur une planète littéralement dévorée par une civilisation, la nôtre, devenue quasi virtuelle, déconnectée de sa source, de sa nature et de sa terre. Les Hopis sont un peuple de moins de 10.000 âmes vivant dans des pueblos perchés sur trois mesas au Nord de l’Arizona, à proximité du lieu-dit des Quatre coins où les frontières de quatre Etats, l’Arizona, le Nouveau-Mexique, l’Utah et le Colorado se rencontrent. Un désert qu’Hillerman, le poète des roches arides, a merveilleusement traduit dans son roman triptyque, La trilogie de Joe Leaphorn, un polar ethnologique qui nous fait découvrir de l’intérieur, les moeurs et coutumes de ces Indiens du sud-ouest que sont les Zunis et les Navajos. À l’inverse d’autres tribus indiennes du sud des Etats-Unis comme les Apaches, les Comanches ou encore les Navajos, les Hopis ont choisi de résister par la non-violence au rouleau compresseur de l’envahisseur Blanc, le Pahana, dont la venue était depuis longtemps prophétisée par leurs légendes. Un pacifisme qui n’est pas sans rappeler l’activisme non-violent d’un Gandhi ou d’un Dalaï-Lama parce qu’il se fonde sur une vision spirituelle de l’homme et sur des enseignements ancestraux initiatiques. Un choix culturel et spirituel qui mena nombre d’entre eux à préférer l’objection de conscience et la prison plutôt que d’être enrôlés sous la bannière étoilée durant la seconde guerre mondiale et la guerre de Corée. DanKatchongva qui était un de leurs chefs traditionnels affirmait à ce propos que les Hopis ne pouvaient pas être partie prenante dans un conflit armé : «C’est le seul moyen d’être en accord avec le Grand Esprit. Si nous retournons nos arcs et nos flèches contre quelqu’un, notre tragédiesera encore plus grande que celle de notresoldats amérindiensvictime.» Dans le même état d’esprit, ils refusèrent longtemps de défendre devant les tribunaux américains, dont ils ne reconnaissaient pas l’autorité, l’expropriation de leurs terres qui selon eux leur appartiennent de droit divin et naturel. L’immense territoire des Hopis qui autrefois s’étalait du fleuve du Colorado jusqu’au Rio Grande se réduit maintenant à une réserve d’un peu moins de 7.000 km2 enclavée dans les terres navajos.

L’émergence des Hopis
D’où vient ce peuple qui a développé voici deux mille ans et bien plus selon leurs traditions, un système métaphysique, une explication du monde et des cérémonies religieuses d’une complexité inédite sur ces terres parcourues jusqu’alors par des tribus nomades ?
Si on s’en tient aux spéculations des anthropologues, les Hopis, comme les autres nations indiennes, descendraient de peuplades asiatiques qui auraient traversé le détroit de Béring 10.000 ans avant notre ère. Une théorie séduisante qui entre cependant en contradiction avec la genèse Hopi qui parle d’une émergence bien plus ancienne, quelque part sur les côtes d’Amérique Centrale ou encore plus au sud. Une différence de taille car selon leurs légendes, transmises oralement lors de rituels initiatiques, les clans hopis auraient traversé l’océan longtemps après qu’un déluge ait englouti leur monde, le Troisième Monde. Selon leur tradition, ils étaient les premiers hommes à poser les pieds sur le continent américain, le Quatrième Monde, et avaient été épargnés de l’anéantissement grâce à leurs qualités spirituelles et au contact qu’ils avaient su garder avec le Créateur de toutes choses. Sur le Troisième Monde, les hommes avaient développé de grandes cités, une grande civilisation, guerroyaient entre eux avec des engins incroyables comme les boucliers volants, les patuwvotas, mais avaient perdu le sens profond de leur évolution et de leur identité, tout comme leurs ancêtres sur les deux mondes précédents qui avaient eux aussi été détruits. Ces légendes évoquent évidemment le mythe du continent perdu de l’Atlantide et l’hypothèse d’une Terre ayant déjà abrité plusieurs civilisations technologiquement évoluées avant la nôtre. Une vision hopi de l’histoire qui fut exposée au grand public en 1963 dans Le Livre du Hopi de Franck Waters et de son principal informateur Hopi, Oswald White Bear Fredericks. 16 ans plus tard, Joseph F. Blumrich, ancien collaborateur de la Nasa sur les projets Saturn V et Skylab, écrira un livre (Kásskara und die Sieben Welten - Kásskara et les Sept Mondes) avec et sur White Bear, qui exposera de façon encore plus explicite les croyances hopis quant à l’émergence des premiers hommes sur leswovoka continents américains. Un livre étonnant édité uniquement en allemand, mais dont vous trouverez la traduction des meilleures pages sur le site d’Anton Parks(Les rescapés de Mu)
Des prophéties de fin du monde
Au début comme à la fin de chaque monde, les Hopis représentent donc symboliquement, comme au sens premier du terme, la crème du genre humain, l’Alpha et l’Oméga, le lien entre la terre et le ciel, l’équilibre qui maintient la terre sur son axe. S’ils venaient à disparaître, le déséquilibre que cela engendrerait provoquerait la Grande Purification, la fin du Quatrième Monde. C’est ce que pensent les Hopis, du moins les plus traditionalistes d’entre eux, et c’est l’avertissement lancé par leurs augures. Si certaines prophéties indiennes, comme les visions du prophète messianique Wovoka évoquées dans les mémoires du chef sioux Black Elk, tenaient plus des derniers soubresauts d’un peuple à l’agonie que du présage, il n’en va pas de même pour les prophéties hopis qui collent définitivement à l’air du temps. Des prédictions aux couleurs écologiques qui parlent de notre relation ou plutôt de notre absence de relation avec la Terre, avec la nature et ses esprits. Des signes avant-coureurs apocalyptiques qui nous avertissent de notre appétit de pouvoir qui mènera, in fine, à la destruction de notre écosystème. Qu’elles soient vraies ou pas importe finalement peu, ce qui frappe l’esprit, c’est leur pertinence, le constat qu’elles brossent d’un monde aveugle, en roue libre, qui fonce droit dans le mur. La seule trace écrite relative aux prédictions hopis se présenterait sous la forme de quelques pétroglyphes (pierres gravées de pictogrammes) datant de plusieurs centaines d’années à proximité du village hopi d’Oraibi, mais dont le lieu exact est maintenant tenu secret pour les non-Hopis. Il est difficile, si pas impossible de connaître l’origine exacte et donc l’authenticité historique de ces prophéties pour la simple raison qu’elles auraient été transmises oralement de génération en génération lors de cérémonies initiatiques tenues secrètes jusqu’au 20e siècle. Par contre, ce qui est certain, c’est qu’elles ont été revendiquées et considérées comme authentiques par les principaux chefs claniques hopis qui les ont activement utilisées pour défendre les intérêts de leur peuple auprès d’organismes internationaux comme l’ONU et même en qualité d’actionnaires devant le conseil d’administration d’une multinationale américaine, comme nous le verrons plus loin.
test nucléaire au Nouveau-Mexique
Test nucléaire au Nouveau-Mexique en 1962.
Les premières explosions atomiques furent considérées par les Hopis comme un des signes annonciateurs de la Grande Purification 
prédite par leurs prophéties
John McCain contre les Navajos
Les 6 et 9 août 1945, 220.000 japonais trouvèrent la mort sous les bombes atomiques américaines. Alarmés par cette tragédie qu’ils interprétèrent comme un des signes annonciateurs de la fin du Quatrième Monde, les anciens missionnèrent en 1948, Thomas Banyacya –qui venait de passer 7 ans en prison pour objection de conscience– et trois autres chefs traditionnels dévolus à la cause hopi pour révéler les prophéties au monde extérieur. Leur principale mission était de se rendre, conformément à une vieille prophétie, aux Nations Unies, « la Grande Maison de Mica sur la côte Est » afin d’y apporter le message de paix des Hopis. Si leurs premières tentatives furent infructueuses, la quatrième fut la bonne. En 1992, Thomas Banyacya se présenta enfin au nom du peuple Hopi devant l’hémicycle de l’assemblée générale des Nations Unies. Une des actions les plus connues des quatre messagers fut cependant d’avoir écrit à Richard Nixon en 1970 pour mettre le président au parfum du danger que courrait le monde, lui suggérer d’écouter la sagesse de ceux qui vivaient encore en harmonie avec la nature, mais aussi pour lui conjurer d’opposer son veto présidentiel à un gigantesque projet minier qui menaçait les terres hopis et navajos. Une requête ignorée par le président républicain mais aussi par le démocrate Jimmy Carter qui fut plus tard sollicité de la même manière. Le sous-sol de ces réserves indiennes regorge malheureusement de gisements fort convoités et très lucratifs : le charbon et l’uranium. Dès 1970, la Peabody Western Coal Company, la plus grosse compagnie minière des Etats-Unis, commença à extraire le charbon sur deux sites sacrés, Kenyata et Black Mesa, habités par des milliers de familles navajos traditionalistes qui furent expropriées et relogées de force.
Nixon en campagne
Les Hopis ont écrit aux présidents Lyndon Johnson, Nixon et Carter
pour leur demander de stopper les mines de charbon qui défigurent leurs territoires sacrés
et les avertir du risque imminent d'un cataclysme mondial. En vain.
Pour mieux comprendre les enjeux de ce projet catastrophique pour l’environnement et les Indiens de la région, un rapide flash-back sur le contentieux entre les Hopis et Peabody Coal n’est peut-être pas inutile. Paradoxalement, l’histoire commença en 1920 quand John Collier, un jeune anthropologue idéaliste, tomba sous le charme de la vie communautaire indienne qu’il découvrit pour la première fois à Taos, un village pueblo perdu au milieu des paysages panoramiques du Nouveau Mexique. À l’époque, la stratégie du gouvernement américain pour s’accaparer les territoires indiens était de diviser pour régner. Morceler les réserves en attribuant « gracieusement » des parcelles de terre individuelles à chaque Indien pour ensuite pouvoir les lui racheter. Une tactique perverse qui visait à mettre fin à la propriété collective des terres indiennes, à détruire les structures tribales et l’identité culturelle des Indiens. Convaincu des effets néfastes de l’américanisation des Indiens, John Collier n’eut de cesse de combattre les tentatives d’assimilation mises en œuvre par le BIA, le Bureau des Affaires Indiennes. En 1933, il devint commissaire aux Affaires indiennes et introduisit une réforme majeure, l’Indian Reorganisation Act (IRA), mettant fin au morcellement des terres indiennes et instaurant un nouveau système de gouvernement au sein des réserves. Une réforme audacieuse mais imparfaite. Ce qui se matérialisa par la création de Conseils tribaux dont les membres se devaient d’être élus par la population, contrairement aux traditions indiennes où les leaders étaient habituellement désignés par hérédité ou par décision collégiale d’une partie seulement de la communauté. Le talon d’Achille de cette réforme. Toutefois, l’IRA spécifiait aussi que ce nouveau statut ne serait appliqué qu’aux tribus consentantes dont la population avait voté majoritairement la création d’un Conseil tribal. Pour certains, la réforme de John Collier permit d’éviter la disparition pure et simple des tribus indiennes et par extension de leur culture. Pour d’autres plus critiques comme Robert T. Coulter  (juriste indien auprès de l’ONU), si l’IRA sauvegarda effectivement l’identité collective des Indiens, elle sema aussi la discorde entre les chefs traditionnels et les élus progressistes et donna l’opportunité au BIA et au ministère de l’Intérieur de créer de nouveaux gouvernements indiens plus contrôlables. C’est précisément ce dernier cas de figure qui s’appliqua aux Hopis. Le Conseil tribal Hopi fut créé en 1936 et cela malgré la défiance des Kigmongwis (les chefs de clan traditionnels) et le boycott d’une grande partie de la population. Ce Conseil tribal illégitime, créé de toutes pièces et étroitement contrôlé par le bureau des Affaires indiennes permit plus tard à Peabody Coal de signer des contrats d’exploitation minières contre l’avis des Hopis. En 1950, afin de contourner l’hostilité de la population quant à l’opportunité de louer ses terres pour y installer des mines à ciel ouvert extrêmement polluantes, le Conseil tribal Hopi –Conseil qui depuis longtemps n’était déjà plus reconnu par l’administration fédérale puisque les chefs traditionnels refusaient de le reconnaître– fit appel aux services d’un avocat, John Sterling Boyden. Ce dernier représenta donc les Hopis dans les négociations avec la société minière, mais des documents récemment dévoilés par Charles F. Wilkinson, un professeur de droit de l’université du Colorado, démontrèrent sans ambiguïté le conflit d’intérêt que tout le monde soupçonnait déjà : Boyden, l’avocat des Hopis, était aussi payé par Peabody Coal. Résultat, le 16 mai 1966, suite à une longue série de manipulations destinées à évincer le veto des traditionalistes, Boyden ressuscita le Conseil tribal et offrit les terres hopis et navajos sur un plateau d’argent à Peabody Coal. Un contrat à sens unique, non renégociable, qui donna carte blanche au géant du charbon pour défigurer le site sacré de Black Mesa, pomper les nappes phréatiques essentielles pour ces zones déjà très arides et faire exproprier, avec l’appui du congrès, plus de 12.000 Navajos. Des familles indiennes dont beaucoup seront relogées à partir des années 80 avec un cynisme incroyable dans des zones contaminées par la catastrophe nucléaire de Church Rock au Nouveau-Mexique. 25% des Navajos expulsés de chez eux par le gouvernement fédéral décédèrent dans les 6 ans qui suivirent leur transfert. Un chiffre qui se passe de commentaire. Sous prétexte d’un soi-disant conflit territorial entre les communautés Hopis et Navajos, le congrès ratifia en décembre 1974 un décret de loi, la Public Law 93-531, qui enclencha le processus d’expropriation et de relogement forcé des Navajos de Big Mountain (Black Mesa). Une loi qui sera amendée en 1996, 1999, 2001 et 2005 par des projets de loi, comme la Senate Bill S-1003, initiés et activement soutenus par le sénateur JohnMcCain, afin de forcer les récalcitrants à quitter leurs territoires ancestraux et à déresponsabiliser le gouvernement fédéral de toute forme de dédommagement envers la population. « Nous sommes victimes de terrorisme. C’est quelque chose qui vous vide complètement, vous brise, vous anéantit émotionnellement, psychologiquement et spirituellement », résumera un des derniers résistants de Black Mesa à la journaliste, Brenda Norrell.
manifestation contre les mines de Peabody
Navajos manifestant contre les expropriations de Black Mesa
En 2001, les prophéties Hopi firent à nouveau parler d’elles et d’une façon surprenante lorsqu’une délégation Hopi, Lakota et Navajo se rendit à New York, au World Trade Center, pour prononcer un discours lors d’une réunion des actionnaires de Lehman Brother, alors principale propriétaire des avoirs financiers de Peabody Western Coal. Un « coup » organisé par Arlene Hamilton, une activiste anglo-américaine pro Navajo de la première heure qui avait acheté quelques actions pour obtenir le droit de venir s’exprimer devant les actionnaires de la maintenant trop célèbre banque d’investissement. « Certains dans l’assemblée comptaient parmi les hommes et les femmes les plus fortunés au monde. La délégation indienne était de toute beauté et criante de vérité. Leur présence était une vraie bénédiction », confia plus tard Arlene Hamilton. Sur les traces de Thomas Banyacya, le chef traditionnel Hopi de la représentation (qui tint à garder l’anonymat) adressa à Lehman Brother la mise en garde des prophéties et demanda l’arrêt des activités de Peabody Coal sur le site de Black Mesa,« Pahana ou l’Homme Blanc s’est lui-même soumis aux lois des hommes au lieu de se conformer à celles du Créateur. En faisant cela, il s’est détourné de sa voie originelle. Cela entraînera non seulement sa perte, mais blessera aussi la Terre. Aujourd’hui, les droits des peuples naturels sont violés partout dans ce pays. Les amérindiens défendent la Terre et la vie pour pouvoir continuer à vivre. Nos racines sont dans nos villages et dans l’univers entier. Si nous détruisons ces racines, le monde perdra l’équilibre et cela amènera une grande catastrophe. » Arlene Hamilton, qui militait en faveur des familles traditionalistes de Black Mesa et de Big Mountain, avait monté une association dont le but était de faire connaître et vendre les tissages artisanaux de ces femmes Navajos. Elle travaillait aussi à l’introduction de la danse du Soleil a Big Mountain et à ce titre fut plusieurs fois arrêtée par les rangers du Conseil tribal Hopi qui interdit les rassemblements religieux et culturels « étrangers » sur sa réserve. Une politique qui permet certes de préserver les vestiges de la culture Hopi, mais qui a surtout l’avantage d’écarter toute publicité et tout regard indiscret sur la chasse gardée de Peabody Coal.Après avoir acheté les actions Lehmann Brother, Arlene Hamilton reçut des menaces de mort et avait peur que l’on n’attente à sa vie. Peu de temps après, elle fut tuée dans un accident de voiture.

Arlene Hamilton et Roberta Goal
Arlene Hamilton et l'activiste navajo Roberta Blackgoat
Le retour du vrai Pahana
Les légendes hopis, qui semblent intimement liées à la face sombre de l’humanité et à son destin tragique, évoquent aussi des rencontres magiques porteuses de lumière et parfois de pluie. Ainsi en est-il d’une ancienne vision hopi prophétisant la venue d’un homme venant de l’Est, vêtu d’une robe safranée et coiffé d’un bonnet de la même couleur. Une vision qui fait étrangement écho à une prophétie orientale du VIIIe siècle attribuée à Padmasambhava, figure spirituelle emblématique du Tibet qui fut le fondateur de la plus ancienne lignée bouddhiste du toit du monde : « Quand volera l’oiseau de feu et que le cheval courra sur les routes, le peuple tibétain sera dispersé comme des fourmis sur la face de la Terre, et le Dharma viendra au pays des hommes rouges. » Des prédictions en miroirs qui se matérialiseront en octobre 1974 lorsque l’incarnation vivante du bouddha, le 16e Gyalwa Karmapa, Rangjung Rigpé Dordjé, de passage à Phoenix pour son premier voyage aux Etats-Unis, décida de se rendre sans raison apparente au village hopi de Shungopovi pour y rencontrer Ned, le chef du clan de l’Ours. Au moment même où le congrès s’apprête à sceller les destinées hopis et navajos, qu’une grave sécheresse affame et parfois tue nombre de familles indiennes du nord de l’Arizona, un boddhisattva tibétain part sur les routes poussiéreuses de la highway 66 rejoindre les mesas des Hopis. Arrivé sur place, l’Homme qui vient de l’Est priera et méditera en communion avec les habitants, les chefs de clans du village, les danseurs du clan du Serpent et fera tomber la pluie sur le plateau desséché de Shungopovi. Un fait historique saisissant capturé par Mark Elliot et Rick Field dans leur film documentaire, The Lion’s Roar, sur la vie de Rangjung Rigpé Dordjé.
D’autres rencontres eurent lieu avant la venue du tibétain et celle qui fut la plus attendue par le peuple Hopi fut peut-être le retour de l’Homme Blanc. Les Hopis attendaient le retour du Pahana, le frère Blanc dont ils avaient été séparé depuis leur émergence dans le Quatrième Monde et avec lequel ils pensaient pouvoir entretenir des échanges harmonieux et spirituels. Leurs traditions n’explicitent pas vraiment qui était vraiment ce frère Blanc ni quelle était son histoire, mais situaient son retour sur les terres hopis en 1520 avec une fourchette d’erreur de 20 ans, à peu de chose près au moment même où Cortès et ses mercenaires débarquèrent à Veracruz sur les côtes mexicaines. Pour être reconnu comme tel, le Pahana devait, à son retour, montrer le morceau manquant d’une tablette sacrée en pierre détenue par le clan du Feu. Un fragment qu’il aurait reçu lors de son émergence dans le Quatrième Monde. En 1540, lorsque les Hopis rencontrèrent pour la première fois les Espagnols, ils réalisèrent rapidement que ces derniers avaient surtout des lanciers avides d’or et des moines franciscains de l’Inquisition à leur présenter. L’Homme Blanc avait tout oublié de l’accord originel passé entre les deux tribus ou n’était peut-être tout simplement pas le vrai Pahana qu’ils attendaient.
poupée kachina
Orion et le mystère des Kachinas
Certains parmi les Anciens les plus respectés étaient convaincus que des êtres venus d’ailleurs avaient déjà visité les mesas des Hopis et reviendront y chercher les « cœurs purs » avant le désastre planétaire annoncé par les prophéties. Il faut dire que, vue du ciel, la réserve Hopi est au centre d’un triangle mystérieux formé par trois haut lieux de l’ufologie : la base « secrète » de l’Aire 51 près de Las Vegas, la ville mythique de Roswell au Nouveau Mexique et Dulce dans le même Etat, dont la région serait truffée des bases souterraines reptiliennes parfois décrites dans les récits d’enlevés. Ceci explique peut-être les vagues apparitions d’ovnis au-dessus de la réserve indienne et dans la ville voisine de Phoenix. Depuis l’aube des temps, le nord-est de l’Arizona est sillonné par des êtres surnaturels, les kachinas, sortes de génies invisibles de la nature qui régulent la pluie et les récoltes en fonction de la qualité des cérémonies. Ces entités élémentales qui jouent le rôle de gardiens de la tradition remplissent aussi une autre fonction : selon les légendes hopis, elles serviraient aussi d’intermédiaires entre l’homme et le Créateur, l’équivalent des anges des religions judéo-chrétiennes. Des entités protectrices ayant initié les hopis à l’agriculture, aux lois de la nature et qui seraient venues des étoiles pour guider le peuple élu de monde en monde aux temps des déluges. Il est tentant de considérer l’histoire des kachinas au premier degré et de voir en ces êtres mythologiques des extraterrestres ayant véritablement ensemencé la Terre dans un lointain passé. Les mythes hopis seraient-ils des histoires vraies relatant des faits historiques ? Pourquoi pas !? L’hypothèse est en tout cas moins subjective que celle de les reléguer au rang de légendes primitives parce qu’elles contreviennent aux canons de la pensée occidentale. Certains  Hopis, mais aussi des enlevés comme MiriamDelicado, extrapolent encore plus et sont convaincus que des extraterrestres viendront à court terme sécuriser des zones géographiques spécifiques, dont la réserve Hopi et y protégeront leurs habitants. Une mission de sauvetage qui aurait pour objectif de créer des Arches et d’y sauvegarder ce qui pourrait l’être du désastre annoncé par les prophéties. Un scénario catastrophe digne des séries TV apocalyptiques très prisées par l’Amérique profonde et conservatrice des années Bush penseront certains. Sans doute, toutefois l’affirmation n’est pas aussi absurde et outrancière qu’on aimerait le croire quand on sait que 50% des forêts primaires ont été détruites en moins d’un siècle, que la biodiversité de la planète est en grand danger et que fondamentalement rien n’est fait pour enrayer cette spirale suicidaire. Interrogée par l’équipe du Projet Camelot (Bill Ryan & Kerry Cassidy), la jeune contactée canadienne, qui sait se montrer convaincante, n’a pourtant souvent que sa bonne foi et ses larmes comme seuls arguments de vente. Alors que les messages des extraterrestres aux enlevés se sont souvent révélés trompeurs et ambivalents, Miriam Delicado prend pour argent comptant le propos de ses ravisseurs et ne s’est pliée à aucune régression hypnotique afin de vérifier le bien fondé de ses affirmations. Enfin, cette dernière n’a pas su ou voulu répondre à la plupart des questions que Karmapolis lui a posées. Nettement plus convaincant, Gary David pourrait bien avoir découvert le chainon manquant entre les prophéties hopis et l’hypothèse extraterrestre - lire l’interview de Gary David. A l’instar de Robert Beauval qui découvrit que les grandes pyramides égyptiennes étaient alignées sur la position des étoiles du baudrier d’Orion, ce chercheur indépendant a révélé que les villages et sites sacrés hopis étaient eux aussi une projection sur terre des étoiles de la constellation d’Orion. Une prouesse technique difficile à concevoir sauf à penser que les Anciens détenaient une connaissance qui leur venait d’un autre monde.

Alignement des pyramides de Gizeh sur la ceinture d'Orion
Alignement des pyramides du plateau de Gizeh avec la ceinture d'Orion

La fin d’un monde
Une histoire hopi dit que les arrières-petits fils des envahisseurs blancs viendront auprès des derniers gardiens de la tradition des Premières Nations et leur demanderont d’être enseignés car ils auront presque détruit la Terre. Finalement, c’est peut-être le message caché des prophéties. La pensée virale occidentale, cette vision prédatrice et dominatrice du monde que la plupart d’entre nous partageons, a contaminé tous les peuples de la planète et est maintenant dans l'urgence de devoir retrouver ses racines pour espérer survivre à elle-même. Environ 50.000 espèces disparaissent chaque année. Sans un changement radical de notre mode de vie et de notre état de conscience, cette extinction de masse comparable à ce qui se passa lors de la disparition des dinosaures se terminera fatalement par la nôtre et à très court terme. Une des clés de notre transformation est très certainement à trouver auprès des derniers peuples indigènes qui le plus souvent ont su préserver la Terre et l'Esprit durant les millénaires.
Karmatoo

Bibliographie
Le Livre du Hopi : Frank Waters – Editions du Rocher
Le renouveau indien aux Etats-Unis : Joëlle Rostkowski – Albin Michel
Les dernières heures du Soleil Ancestral : Thom Hartman – Ariane
Prophéties indiennes : Scott Peterson – Le courrier du livre
Hopi, peuple de paix et d’harmonie : Chantal Gerard Landry – Albin Michel
Elan Noir, Mémoires d’un Sioux : John Neihardt – Stock
La trilogie de Joe Leaphorn : Tony Hillerman - Rivages
L’attrapeur de pluie : Gilles Van Grasdorff – JC Lattès
Le Mystère d’Orion : Robert Beauval et Adrian Gilbert – Pygmalion
Blue Star, fulfilling prophecy : Miriam Delicado – Leah Gough
Traces de pas dans nos coeurs, l'héritage vivant des Indiens Yuroks - GarryMorris


Sites Internet consultés


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